Les tests de dépistage d'alcool ou de drogues sont-ils permis au travail?

Commentaire sur la législation
Un employeur peut effectuer des tests de dépistage d'alcool ou de drogues dans le cadre de la politique préventive en matière d'alcool et de drogues, mais cela est soumis à des conditions strictes. Les tests médicaux ne sont autorisés que dans le cadre de la surveillance de la santé.
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publié le 16.04.24 par la rédaction, prevent.be

Pas de tests médicaux

Les tests biologiques ou médicaux ne peuvent être imposés au travailleur. Il s'agit de tests au cours desquels des échantillons comme le sang, l’urine, la salive ou les cheveux sont prélevés. Ces tests sont expressément interdits par la loi dite ‘Mahoux’ (loi du 28 janvier 2003 relatives aux examens médicaux dans le cadre des relations de travail).

Exception: tests médicaux dans le cadre de la surveillance de la santé

Les tests médicaux ne sont autorisés que dans le cadre de la surveillance de la santé. En outre, des conditions strictes s'appliquent, notamment: 

La réalisation de ces tests ne peut pas non plus être systématique. Il appartient au médecin du travail de décider si le test est nécessaire sur la base d'un examen clinique. Le travailleur doit donner son accord et avoir la possibilité d'effectuer un contre-test. 

Sur la base de l'évaluation de la santé, y compris les tests, le médecin du travail peut ensuite donner un avis sur l'aptitude du travailleur à son poste de travail, mais il ne peut pas fournir un compte-rendu des tests spécifiques. 

D'autres tests sont possibles sur la base de la CCT 100

Sur la base du CCT 100, d'autres tests tels que l'alcootest ou les tests psychomoteurs sont possibles.

CCT 100

CCT 100 fixe le cadre de la politique préventive en matière d’alcool et de drogue et impose aux entreprises une évaluation de la situation. Cette CCT a été rendue obligatoire par l'arrêté royal du 28 juin 2009 (MB du 13 juillet 2009).

La politique préventive en matière d’alcool et de drogue comprend deux phases. Au cours de la première phase, obligatoire, l'employeur doit déterminer les principes et les objectifs de sa politique préventive et élaborer une déclaration de politique ou d’intention reprenant les lignes de force. La seconde phase consiste à concrétiser la politique: l’employeur établit et rédige les règles en matière de consommation d’alcool et de drogues au travail et fixe les procédures à suivre si un problème de fonctionnement se présente. Ce n’est qu’au cours de la seconde phase que des tests de dépistage d'alcool et de drogue au travail peuvent être envisagés.

Tests d’haleine ou tests psychomoteurs

Tests d’haleine ou tests psychomoteurs (p.ex. marcher sur une ligne) peuvent être effectués. pour vérifier si un travailleur se trouve sous influence. Ces tests ne sont pas étalonnés: ils donnent uniquement une indication positive ou négative sans établir avec certitude l’intoxication et qu’il peut aussi y avoir des faux positifs ou des faux négatifs.

Les alcootests et les tests psychomoteurs ne doivent pas nécessairement être effectués par un médecin. À condition d'avoir reçu la formation nécessaire, des managers ou d'autres personnes peuvent également administrer ces tests.

Conditions

Les tests non médicaux sont autorisés si le principe est inclus dans la première partie de la politique préventive en matière d’alcool et de drogue et si les règles concrètes sont définies dans la deuxième partie de la politique. La mise en œuvre des tests est toutefois soumise à certaines conditions (art. 4 du CCT 100).

Tableau Conditions préalables à l’introduction de tests de dépistage selon la CCT 100

ConditionExplication
utilisation à des fins préventives uniquement 

les résultats des tests peuvent par exemple être utilisés pour

  • déterminer si quelqu’un est ivre ou sous l’influence de substances, et donc considérée comme inapte au travail; ou
  • amener une prise de conscience, ce qui permet de proposer une aide.
ne pas utiliser les résultats des tests d'une manière incompatible avec l'objectif de prévention et qui ne devrait pas conduire directement à des sanctions le résultat du test peut être un élément dans l’appréciation globale du fonctionnement du travailleur testé mais un résultat de test positif ne suffira pas à justifier l’application d’une sanction.
le test doit être adéquat, pertinent et non excessif au regard de cette finalité 
l’intéressé doit avoir consenti à l'application de testsLe travailleur concerné doit donner son accord individuellement; l'accord ne peut donc pas être donné au niveau collectif
ne peut pas donner lieu à une discrimination entre les travailleurs 
l’ingérence dans la vie privée du travailleur réduite à un minimum

Les résultats individuels de l'alcootest ne peuvent pas être suivis et enregistrés (aucune donnée dans la base de données) 

car cela est contraire à la législation en matière de vie privée.

Établir des règles

Si l'employeur souhaite procéder à des tests de dépistage d'alcool ou de drogues, il doit en déterminer les modalités d'application. Ces règles font partie de la deuxième partie de la politique de prévention en matière d’alcool et de drogue et doivent également être incluses dans le règlement du travail. 

Les éléments suivants doivent être prévus:

  • nature des tests (notamment des tests non-médicaux)
  • groupe(s) cible(s): éventuellement limités à des groupes cibles spécifiques (p.ex. poste de sécurité) sous réserve de la condition de non-discrimination
  • procédure de mise en œuvre
  • personnes responsables de l'application, p.ex. ligne hiérarchique 
  • période(s) d'application des tests
  • conséquences possibles d'un résultat positif, p.ex. éloignement temporaire du lieu de travail

Et les travailleurs de sous-traitants?

Les règles de la politique préventive en matière d'alcool et de drogues sont inscrites dans le règlement du travail et ne s'appliquent donc qu'aux propres travailleurs. Les travailleurs de tiers ne sont liés que par le règlement du travail de leur propre employeur. Un employeur-donneur d’ordre ne peut donc pas imposer un test de dépistage d'alcool ou de drogue à un travailleur d'un contractant sur base de son règlement du travail.

Il est conseillé de conclure des accords avec l'entrepreneur à cet effet et de les consigner dans le contrat. L'établissement d'un contrat en cas de travail avec des tiers est obligatoire selon la loi bien-être, art. 9, §2.
 

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