Politique de prévention en matière d’alcool et de drogue
La CCT 100 relative à la politique de prévention en matière d’alcool et de drogue dans l’entreprise est entrée en vigueur le 1er avril 2010. Cette CCT oblige les entreprises du secteur à reprendre, dans leur règlement de travail, une déclaration de politique en matière d’alcool et de drogue (la fameuse phase 1 de la CCT). Les entreprises choisissent souvent de définir comment intervenir en cas d’ébriété (chronique ou aiguë), les possibilités d’aide, l’information des travailleurs, etc. De telles règles font l’objet de la deuxième phase facultative de la CCT.
Questionnaire
La VAD propose, depuis 2009, un formulaire en ligne qui aide les organisations à élaborer une politique de prévention en matière d’alcool et de drogue. Ce questionnaire repose sur les quatre piliers de la politique: la réglementation (en matière de disponibilité de l’alcool sur le lieu de travail), les procédures en cas d’abus chronique et aigu, l’aide et l’information. La plupart des personnes qui ont répondu au questionnaire travaillent pour de grandes entreprises. Un tiers travaille dans le secteur public. Fait étonnant, car la CCT 100 ne s’applique pas au secteur public.
Règles
Il ressort de l’enquête que la plupart des entreprises choisissent, dans leur politique, d’autoriser la consommation d’alcool en certaines occasions (voir tableau 1). En outre, les personnes interrogées déclarent qu’il existe également des facteurs favorisant la consommation d’alcool sur le lieu de travail, comme les contacts avec les clients et les fournisseurs (27%), la disponibilité d’alcool sur le lieu de travail (24%) et le stress au travail (20%). Le comportement des autres collègues (18%) et des dirigeants (12%) joue également un rôle important. Lorsque de l’alcool est présent, il est le plus souvent mis à disposition par l’employeur (66%).
Tableau 1: occasions pour lesquelles l’alcool est autorisé
Réceptions et/ou fêtes organisées par l’organisation, au sein de l’entreprise |
67% |
Réceptions et/ou fêtes organisées par l’organisation, à l’extérieur |
65% |
Occasions spéciales (p.ex. départ à la retraite) |
59% |
Repas d’affaires |
39% |
Pause de midi (à l’extérieur, pas au sein de l’entreprise) |
32% |
Pour 76% des personnes interrogées, l’interdiction de l’alcool pendant les heures de bureau constitue la règle la plus importante de la politique de prévention, suivie par le fait de ne pas venir travailler ou être au travail sous l’influence de l’alcool et le fait d’autoriser la consommation d’alcool lors de certaines occasions particulières. Des règles formelles sont plus claires et permettent d’éviter une discussion en cas de problème. Près de 35% des personnes interrogées déclarent quand même qu’au sein de leur organisation, il est plutôt question de règles informelles et non écrites en la matière.
Problèmes de fonctionnement
Un pourcentage de 69% des personnes interrogées a déjà été confronté à des problèmes de fonctionnement suite à une consommation d’alcool ou de drogue. Dans 41% des cas, cela s’est même produit au cours de l’année écoulée. Le plus souvent, c’était en raison de l’alcool (58%), ou d’une combinaison d’alcool et de psychotropes (10%). Lorsque des problèmes de fonctionnement sont constatés, c’est le plus souvent en raison d’une odeur d’alcool (83%). Les principaux problèmes sont l’ébriété au début du travail (47%) et l’ébriété après la pause de midi (23%). Cela montre également les limites de la politique de prévention, car dans ces situations, la consommation d’alcool se fait dans la sphère privée, tout en ayant bien évidemment des conséquences sur le travail.
Tableau 2: conséquences de la consommation d’alcool/drogue
Arrivée tardive |
43% |
Absentéisme |
43% |
Prestations irrégulières |
42% |
Courtes absences répétées |
41% |
Comportement inadéquat |
41% |
Tâches mal exécutées |
39% |
Procédures et aide
Dans les situations problématiques aiguës comme chroniques, c’est principalement le supérieur direct qui intervient (respectivement 89 et 88%). En cas de non-intervention, c’est le plus souvent parce que l’on ne sait pas quoi faire. À peine un quart des personnes interrogées dispose de procédures qui spécifient ce que doit faire l’environnement de travail (supérieur, collègue, etc.). Et dans 17% des cas seulement, ces procédures sont formellement reprises dans le règlement de travail. Près de 45% des entreprises prévoient d’élaborer de telles procédures.
Pour la majeure partie d’entre elles, il n’y a aucun test d’alcoolémie (86%) ou de détection de drogues illégales (91%). Les canaux d’aide ne sont que rarement utilisés (26%), sans doute parce que, dans la plupart des entreprises, cela n’est pas repris dans la politique de prévention.
Formation et information
Parmi les personnes interrogées, 16% déclarent qu’il y a eu, dans leur organisation, une formation et des informations sur l’alcool et les drogues; 38% ont l’intention de prévoir de telles formations et séances d’information.
Bien souvent, les dirigeants (42%) ne sont pas suffisamment formés pour s’attaquer aux problèmes de fonctionnement dus à l’alcool et à d’autres drogues. Il s’agit d’une carence de taille, car le questionnaire révèle qu’il s’agit de l’une des raisons pour lesquelles la politique de prévention n’est peu ou pas appliquée.
Évaluation
À l’heure actuelle, à peine 26% des personnes interrogées déclarent disposer d’une telle politique de prévention. Parmi les entreprises qui disposent bel et bien d’une politique de prévention en matière d’alcool et de drogue, 43% ont un groupe spécialement formé pour élaborer cette politique, et dans 19% des cas, c’est le comité de prévention et de protection au travail qui s’en charge. Le plus souvent, le conseiller en prévention ou un collaborateur des ressources humaines coordonne ces activités. Dans 58% des cas, la politique de prévention n’est portée à la connaissance des travailleurs que par le biais du règlement de travail.
A peine 14% des personnes interrogées sont en mesure de donner une indication du résultat de l’actuelle politique de prévention. Toutefois, 57% des personnes interrogées estiment que cette politique de prévention a permis de faciliter l’évocation des problèmes de drogue et d’alcool. Enfin, grâce à cette politique de prévention, les travailleurs confrontés à des problèmes de drogue ou d’alcool sont plus rapidement aidés (55%).
Source : VAD - Waar staan we na drie jaar Cao 100? Update resultaten vragenlijst Q-ADO 1.0 (18-12-2009 au 01-04-2013) – www.vad.be