Talc
Le talc est un minéral. Les particules de talc se présentent généralement sous forme de plaques. Dans certains cas, cependant, elles peuvent prendre la forme de fibres longues et fines, formant ainsi du talc fibreux. La composition chimique des talcs et la présence de minéraux associés dépendent du type de roche originelle et de la nature de la transformation géologique à l’origine de leurs formations. Ainsi, la composition chimique des gisements de talc, de même que la présence (à des concentrations plus ou moins importante) d’autres minéraux et d’autres fibres minérales, peut varier pour un même gisement et à l’intérieur de zones géographiques relativement rapprochées.
Fibres d’amiante?
Les travaux menés par l’Agence montrent que le talc peut contenir, selon les différents gisements de production dont il est issu, d’autres minéraux fibreux ou non fibreux. En particulier, il peut contenir des fibres minérales ayant des structures chimiques analogues à celles des fibres d’amiante.
Le niveau de connaissance de la nature minérale et de la composition des différents gisements de talc dans le monde est assez limité. Seuls certains talcs européens et nord américains ont été bien étudiés. On ne peut donc exclure la présence de fibres d’amiante dans les talcs. Aussi, les fragments de clivage, qui proviennent de la coupure des blocs de minerais, et qui sont retrouvés dans le talc broyé et moulu, peuvent ainsi provenir aussi bien de fibres de talc que de fibres minérales asbestiformes ou de fibres non asbestiformes.
Les fibres dites "asbestiformes" (c'est-à-dire "ayant la forme d’amiante") ont l’apparence de cheveux. Elles se caractérisent par un rapport d’allongement élevé (rapport longueur/diamètre) et des propriétés mécaniques accrues (notamment force, flexibilité et durabilité). Les méthodes analytiques, préconisées par la réglementation pour la détermination des fibres d’amiante, ne permettent pas toujours de différencier une fibre minérale asbestiforme de son homologue non asbestiforme. En effet, il n’existe actuellement aucune méthode fiable et reproductible pour différencier ces deux types de fibres de façon simple.
Exposition des travailleurs au talc
Le talc est utilisé dans un grand nombre de domaines d’activités industrielles. Différents grades de talc, présentant des caractéristiques physiques plus ou moins spécifiques à certaines applications industrielles, sont disponibles sur le marché. Les expositions professionnelles à la poussière de talc se produisent lors de l'exploitation minière, du broyage, de l'ensachage et du chargement de talc. Elles se produisent aussi lors des opérations d’utilisation et de traitement du talc. C’est le cas en particulier dans l’industrie du caoutchouc et notamment lors de la fabrication de céramiques, peintures et émaux. Ces expositions correspondent le plus souvent à un mélange de talc et de poussières minérales de compositions variables. En particulier, le quartz et les fibres minérales (asbestiformes ou non asbestiformes) sont des contaminants fréquents.
Les niveaux d’exposition professionnelle brute dans les mines et les moulins sont relativement bien connus. Cependant, dans la grande majorité des cas, la caractérisation des expositions reste le plus souvent sommaire et imprécise et la nature minéralogique des talcs étudiés n’est pas mentionnée. En particulier, l’information sur la présence potentielle, dans les gisements de talcs, de trémolite (asbestiforme ou non asbestiforme) n’est pas disponible. Les valeurs d’exposition dans les autres secteurs d’activité (hors mines et stations de broyage) sont très limitées et ne sont exploitables ni pour une évaluation des expositions ni pour une estimation des risques sanitaires.
Effets sur la santé
L’Agence confirme les données sanitaires relatives aux effets de l’exposition au talc sur la santé, et notamment les effets non cancérogènes (talcoses), qui se produisent, en particulier, à la suite d’une exposition à long terme. Pour ce qui des effets cancérogènes potentiels du talc contenant des fibres minérales non asbestiformes ou des fragments de clivage (comme le mésothéliome, p. ex.), les données épidémiologiques et toxicologiques ne permettent pas de se prononcer sur ce risque à l’heure actuelle.
Recommandations
L’Agence recommande non seulement d’établir une cartographie précise des différents gisements de talc dans le monde avec une identification des autres fibres minérales qu’ils sont susceptibles de contenir mais aussi d’assurer la traçabilité des talcs, depuis leur extraction jusqu’à leur commercialisation en France. Si une information fiable et validée sur l’origine des talcs, qui confirmerait l’absence de contamination par des fibres asbestiformes, n’est pas disponible, il faut rechercher les fibres d’actinolite, de trémolite et d’anthophyllite dans les talcs (ou dans les produits contenant du talc) selon les méthodes réglementaires de recherche d’amiante dans les matériaux.
Si la présence de fibres d’actinolite, de trémolite et d’anthophyllite est mise en évidence dans le talc ou dans l’air inhalé par les travailleurs exposés au talc, il faut appliquer la réglementation sur l’amiante en milieu de travail. Enfin, il faut développer des méthodes analytiques pour différencier les fibres asbestiformes et non asbestiformes et des études sur les effets sanitaires pour améliorer les connaissances sur les effets sanitaires des différentes fibres non asbestiformes.
Etude de l’IRSST
A la demande des autorités canadiennes, confrontées à des avis contradictoires sur les définitions et les effets sur la santé de la trémolite non asbestiforme, l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail (IRSST) a effectué un bilan de la littérature sur le talc trémolitique. Les résultats ont été publiés en janvier 2012. Cette étude, qui ne porte que sur la trémolite non asbestiforme contenue dans le talc, indique également que l’état actuel des connaissances scientifiques ne permet pas de conclure qu’elle ne constitue pas un danger pour les travailleurs. En attendant les résultats des recherches complémentaires nécessaires tant au niveau toxicologique qu’épidémiologique, le rapport suggère également d’appliquer les mêmes mesures de prévention dans le cas des particules allongées non asbestiformes et des fibres asbestiformes. Pour l’IRSST, il faudra aussi, lors de la révision de la classification du talc, de le considérer comme étant cancérogène pour l’homme lorsqu’il contient de l’amiante.
Sources:
- Évaluation des risques relatifs au talc seul et au talc contaminé par des fibres asbestiformes et non asbestiformes (Anses, février 2012)
- Synthèse des connaissances sur la trémolite contenue dans le talc (IRRST, Rapport R-724, janvier 2012)