Peut-être vous souvenez-vous que 2006 avait été consacrée "Année européenne de la mobilité des travailleurs". C’est dans ce cadre que la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail a organisé, à la fin de l’année passée, un séminaire à Thessalonique. Le résultat des réflexions et des discussions qui ont animé le séminaire ont fait l’objet d’un rapport: "Fostering mobility through competence development", qui vient d’être publié. En voici les principales conclusions.
Pourquoi la mobilité est-elle si importante?
Le marché du travail dans les pays de l'UE est loin d’être uniforme: si certaines régions et certains secteurs souffrent d’un chômage élevé, d'autres, au contraire, se caractérisent par une pénurie de compétences et de main-d'œuvre. Pour que l'UE puisse atteindre l'objectif de Lisbonne, à savoir des emplois plus nombreux et de meilleure qualité, il devient dès lors capital d'améliorer la mobilité des travailleurs.
Qu'est-ce que la mobilité?
La mobilité des travailleurs couvre deux aspects:
(1) la mobilité professionnelle, qui concerne la fréquence avec laquelle les travailleurs changent d'emploi;
(2) la mobilité géographique, qui fait référence aux flux de travailleurs d'une région à l'autre dans un même pays ou entre pays différents.
Eurobaromètre Mobility Survey 2005: les principaux résultats
* 75% des travailleurs européens disent avoir changé d'employeur au moins une fois. 32% de l'ensemble des travailleurs l'ont fait au cours des cinq années précédant l'enquête et 8% seulement durant l'année précédant l'enquête. 43% affirment qu'ils changeront de travail dans les cinq années qui suivent l'enquête.
* 4% seulement des citoyens de l'UE ont un jour déménagé dans un autre pays de l'UE. Selon l'enquête, 5% seulement des Européens ont l'intention de quitter leur pays dans les cinq années qui suivent l'enquête. C'est dans certains des nouveaux États membres (Pologne, Lituanie, Estonie, Lettonie et Malte) que ces intentions sont les plus marquées. L'enquête n'a pas vérifié si ces départs étaient ou non de nature professionnelle.
* La plupart des Européens sont partisans de la mobilité, mais peu sont enclins à déménager et ce, pour différentes raisons. En premier lieu, les Européens estiment qu'un déménagement nuirait à leur vie familiale et sociale. Le deuxième obstacle est la difficulté de trouver un emploi sur un marché du travail que l'on connaît mal. Vient ensuite le risque de non-reconnaissance des qualifications et de l'expérience du travailleur dans le pays d'accueil ou l’exigence préalable d’une bonne maîtrise de la langue locale. Enfin, il y a les inévitables frais liés aux obligations administratives et légales, ainsi que les frais personnels inhérents à un déménagement dans un autre pays.
Initiatives
Les 9 et 10 novembre 2006, une cinquantaine de représentants du patronat et des syndicats, de décideurs politiques, d'experts et de fonctionnaires de l'UE étaient réunis à Thessalonique pour identifier des initiatives susceptibles d'accroître la mobilité des travailleurs de l'UE.
Leurs conclusions distinguent les initiatives à prendre au niveau politique et celles qui se situent au niveau des entreprises.
La politique ne peut influencer directement la mobilité des travailleurs mais peut créer un cadre qui la favorise. Voici quelques mesures envisageables:
- investissements permanents dans la maîtrise des langues des Européens (comprendre et parler d'autres langues est un élément essentiel pour la mobilité);
- actions en faveur de la transparence des systèmes d'enseignement ainsi que de la reconnaissance et de la transmission des connaissances et des aptitudes dans tous les pays de l'UE;
- meilleure coordination entre les différents systèmes de sécurité sociale, impôts, soins de santé, pensions, etc. des pays membres de l'UE;
- création d'un "one stop shop" (facilités de logement, cours de langue, présentation des traditions culturelles,…) pour les travailleurs qui déménagent dans un autre pays de l'UE.
Au niveau des entreprises, dans la mesure où il est communément admis que le fait de changer de travail contribue à l'acquisition de nouvelles aptitudes et connaissances, la politique de mobilité pourrait s’intégrer dans un plan plus large visant le développement des compétences des travailleurs ("competence development plan"). Pour ce faire, les participants au séminaire ont surtout mis l'accent sur le rôle que pourrait jouer l'introduction de la "flexicurité". Dans le cadre de ce système, le travailleur se voit proposer un emploi à vie à condition d’être disposé à changer de temps à autre de fonction à l'intérieur de l'entreprise. Si cette entreprise est transnationale, le travailleur pourrait, après un certain temps, être obligé de déménager dans un autre pays.
Voir aussi: "On n’est jamais si bien que chez soi... en Europe aussi” dans PreventFocus n° 10/2006 ou sur notre site.