Objet de l’étude
En 2008, Randstad a fait réaliser une étude sur les interférences entre le travail et la vie privée auprès de 2000 répondants (Étude sur le marché du travail Randstad 2009). Cette étude a montré que pour certains travailleurs, travail et vie privée se chevauchaient de manière croissante, même si ce phénomène n’était pas encore généralisé. Il était surtout question d’interférences croissantes entre le travail et la vie privée chez les employés occupant des postes supérieurs et chez les cadres.
Six ans plus tard, Randstad souhaitait examiner si la situation avait beaucoup changé. L’étude de suivi a été organisée en 2014 auprès de 1895 répondants. Cette fois, seuls les employés et les cadres ont été interrogés.
50/50
Pour environ la moitié des employés et des cadres interrogés, les interférences entre le travail et la vie privée sont assez élevées, voire intenses. Pour l’autre moitié, les interférences sont minimes, voire inexistantes.
Il n’est donc pas non plus question d’une tendance généralisée en 2014. Il n’en reste pas moins que cette tendance s’accroît. Le groupe dans lequel les interférences entre le travail et la vie privée sont minimes, voire inexistantes passe de 60% à 49%. Le groupe qui fait état d’interférences assez élevées augmente de 27% à 40%. Le groupe dans lequel les interférences entre le travail et la vie privée sont élevées reste par contre assez stable (13% à 11%).
Tout comme il y a six ans, la perception d’interférences entre le travail et la vie privée diminue après l’âge de 40 ans. Il n’en reste pas moins que toutes les catégories d’âge font état d’une augmentation par rapport à ce qu’ils percevaient il y a six ans, même si cette hausse est légèrement plus marquée dans la tranche d’âge de 30 à 39 ans.
Attitude
La plupart des répondants évaluent la combinaison entre la vie professionnelle et la vie privée de manière assez positive. Sur une échelle de 1 à 10 où 1 signifie "une combinaison difficile" et 10 "une combinaison facile", le score moyen se situe à 6,8, soit un score positif, mais une légère baisse par rapport à il y a 6 ans. Il faut en déduire que les répondants considèrent aujourd’hui la conciliation vie professionnelle-vie privée comme légèrement moins facile.
La part de répondants capables de combiner facilement travail et vie privée (scores de 8 à 10) diminue nettement (de 51% à 40%). Le groupe pour lequel la combinaison est un peu plus problématique (score de 5 à 7) présente une augmentation de 33 à 45%. Le pourcentage du groupe pour lequel cette combinaison pose vraiment problème reste inchangé (15%).
Plus d’équipements
Les répondants disposent aujourd’hui d’une plus grande panoplie d’équipements qu’il y a six ans pour travailler dans la sphère privée: smartphones, tablettes/portables, voire toujours l’ordinateur de bureau et le téléphone fixe. Chez les jeunes, la ligne fixe perd toutefois du terrain.
Semaine/week-end
Une autre question de l’étude visait à savoir si l’on travaille actuellement davantage en dehors des heures de bureau par rapport ce qui faisait il y a six ans. Pendant la semaine, il n’y a aucune différence significative par rapport aux résultats de 2008. La moitié des travailleurs travaillent au maximum une heure - voire même jamais - dans la sphère privée en dehors des heures de bureau. La part des travailleurs qui travaillent pendant le week-end ou pendant les vacances a toutefois augmenté.
Tâches
Les chercheurs ont également examiné quelles tâches sont réalisées le plus en dehors des heures de bureau. Tout comme il y a six ans, la consultation d’e-mails est incontestablement la tâche numéro 1. Cette part augmente même de 65 à 73%.
Les recherches sur internet ont aussi le vent en poupe (augmentation de 45 à 50%). L’établissement de rapports, mémos et présentations est proportionnellement moins fréquent.
Le traitement des e-mails est de loin la tâche qui prend le plus de temps. Un tiers du temps de travail en dehors des heures de travail (34%) est consacré à lire et à répondre aux e-mails. Il s’agit d’une augmentation de 10 points de pourcentage par rapport à il y a 6 ans.
Motivation
Le travail dans la sphère privée est considéré comme étant à la fois positif et négatif. De nombreux travailleurs le considèrent comme une obligation qui leur est explicitement ou implicitement imposée par l’entreprise (parce qu’ils manquent de temps ou s’y sentent obligés). D’autres le font en raison de leur engagement intrinsèque à l’égard de leur poste, de leur entreprise ou par enthousiasme.
Un travailleur sur trois évoque une culture d’entreprise explicite dans laquelle on voit d’un mauvais œil le fait de ne pas être joignable en dehors des heures de bureau. Par contre, 8% des travailleurs affirment que l’entreprise encourage le fait de ne pas être joignable en dehors des heures de bureau.
Le résultat est donc partagé. Une partie des répondants continuent de travailler pendant leur temps libre par plaisir et par choix. Une autre partie d’entre eux se sentent obligés. C’est également la conclusion que l’on peut tirer en examinant l’acceptation.
Acceptation
39% des travailleurs trouvent qu’il est dérangeant à extrêmement dérangeant de travailler à domicile ou dans la sphère privée en dehors des heures de bureau. Par conséquent, 61% pensent que ce n’est pas très dérangeant à pas du tout dérangeant. Ces chiffres sont conformes aux résultats enregistrés il y a six ans. Il n’est donc pas question d’un mécontentement social grandissant.
Ce constant est frappant, étant donné que les résultats montrent une intensification effective des interférences entre le travail et la vie privée et une combinaison vie professionnelle-vie privée légèrement plus difficile qu’en 2008.
Tout comme il y a six ans, ce sont ceux qui ne travaillent pas dans la sphère privée qui trouvent cela le plus dérangeant.
Affaires privées au travail
Les interférences entre le travail et la vie privée impliquent aussi de plus en plus souvent la gestion de certaines affaires privées durant les heures de bureau. Deux travailleurs sur trois concèdent le faire régulièrement. Cette part n’a pas changé par rapport à il y a six ans.
La politique menée par l’entreprise en la matière joue un rôle majeur dans ce cadre. Dans les entreprises qui appliquent une interdiction formelle en la matière, la part des travailleurs qui règlent des affaires privées au bureau diminue à 25%. Par rapport à 2008, le traitement d’e-mails privés et la navigation sur internet ont pris de l’importance. Les coups de téléphone privés ont par contre diminué. On peut en conclure que le traitement d’e-mails gagne en importance tant au travail que dans la sphère privée. Ce qui est peut-être dû en partie à la réponse rapide que l’expéditeur attend du destinataire dans cette forme de communication.
Meilleure combinaison?
Les travailleurs avancent généralement les mêmes solutions qu’il y a six ans pour concilier plus facilement travail et vie privée. Le télétravail présente une forte hausse. S’il s’agissait d’une solution envisageable pour 32% des travailleurs en 2008, ce pourcentage grimpe à 56% en 2014. Seuls les horaires flexibles (58%) restent davantage évoqués comme solution pour faciliter la conciliation entre travail et vie privée.