Une politique anti-burnout, entre prévention et RH

Le phénomène du burnout est aujourd’hui une réalité à laquelle se heurtent bon nombre d’entreprises. Le législateur en est conscient et oblige les entreprises belges à instaurer une politique de prévention du burnout. Mais l’agence d’intérim Tempo-Team n’a pas attendu cette obligation légale pour prendre les choses en main. 

Un stress propre au secteur
‘Tempo-Team mène depuis un certain temps déjà une politique de prévention qui se veut progressiste’, explique Glenn Nuytemans, conseiller en prévention. ‘Nous veillons bien évidemment au bien-être de nos intérimaires (cf. PreventFocus janvier 2014, ndlr) et ne pouvions donc pas oublier nos propres travailleurs. La politique de santé pour les travailleurs de Tempo-Team a été mise en place en 2010. Nous avons utilisé différents moyens, dont une application, pour offrir à notre personnel un encadrement dans huit domaines: alimentation saine, sommeil, stress,… Nous avons remarqué dès le début que notre module ‘stress’ suscitait un grand intérêt. Cela nous a poussé à réaliser, il y a trois ans, une enquête sur le stress. Les résultats étaient meilleurs que prévu, mais comme dans toute entreprise moderne, le stress est une réalité quotidienne pour nos travailleurs. Tempo-Team est une société ambitieuse qui opère dans un secteur où la concurrence est rude. Nos travailleurs doivent atteindre leurs objectifs et certains supportent moins bien que d’autres cette pression de la performance. Le risque de burnout est donc réel. C’est pourquoi nous avons estimé qu’une politique de prévention était nécessaire’.

Pas à pas
Tempo-Team n’avait jamais mis une politique de prévention des burnouts en place, il n’existait pas de feuille de route. Le service de prévention a donc dû développer lui-même une politique, pas à pas. Tempo-Team a opté pour une approche en plusieurs phases, à différents niveaux. La politique anti-burnout a été intégrée à la politique de santé au sens large.

‘Les burnouts résultent toujours d’une combinaison de facteurs et le travail n’est jamais seul en cause, explique Glenn Nuytemans. ‘Nous croyons en une approche globale. Nos travailleurs ne doivent évidemment pas être trop sous pression au travail, mais leur vie privée et leur santé peuvent aussi favoriser un burnout. C’est pourquoi nous développons une politique de santé plus large. Un travailleur en bonne santé, en forme et bien reposé, sera moins sujet au burnout. La santé mentale est importante, elle aussi. Nous offrons donc aux travailleurs la possibilité de s’entretenir avec les psychologues de notre service externe. Mais ce n’est pas tout: la famille et les proches sont aussi essentiels au bien-être des membres de notre personnel. Nous proposons donc un service d’assistance téléphonique pour répondre aux questions d’ordre familial, émotionnel ou autre que se posent les travailleurs, leurs parents ou leurs proches. Tous peuvent composer ce numéro, nous faisons notre possible pour les aider.’

Législation en matière de risques psychosociaux
Depuis le 1er septembre 2014, la législation en matière de risques psychosociaux au travail est applicable à tous les risques psychosociaux, y compris le stress et le burnout. Auparavant, l’accent était mis sur la prévention de la violence et du harcèlement moral et sexuel au travail. Les employeurs doivent depuis lors mettre tout en œuvre pour prévenir les risques psychosociaux au travail: ils doivent donc les identifier et prendre les mesures de prévention adéquates.
L’inspection du travail a commencé à contrôler le respect de cette réglementation pour la première fois deux ans après son adoption. Les inspecteurs vérifient si les entreprises ont effectué une analyse des risques psychosociaux et si elles ont pris les mesures nécessaires. Les entreprises qui ne respectent pas ces obligations risquent des amendes pouvant aller jusqu’à 6.000 euros.

 

Les cadres
L’année 2015 a marqué un jalon important dans la politique anti-burnout de Tempo-Team. Glenn Nuytemans: ‘Cette année-là, nous avons organisé une formation sur le burnout pour tous nos cadres. Notre ligne hiérarchique a appris à reconnaître les signes avant-coureurs d’un burnout. En dépistant les signes précoces du burnout et en sachant comment réagir, l’on peut prévenir bon nombre de dommages. Nos responsables peuvent aussi être à l’origine du stress subi par leur personnel. S’ils en sont conscients, ils peuvent essayer de réduire la pression. Autre avantage tiré de ces formations: on parlait enfin ouvertement du burnout. C’est une bonne chose. Il faut pouvoir aborder ce genre de sujets sans tabou, entre collègues, et encore plus avec les cadres’.

Profil
Tempo-Team croit beaucoup en l’identification des profils à risque. Glenn Nuytemans explique: ‘Les études révèlent que certains profils de personnalité sont davantage exposés au burnout. C’est par exemple le cas des personnes très perfectionnistes ou trop investies dans leur travail. Ces personnes n’arrivent pas à "décrocher" et continuent à penser à leur travail même en dehors des heures de bureau. Ce phénomène est favorisé par les techniques de communication modernes. Ces traits de caractère se retrouvent également dans la sphère privée: les personnes très ambitieuses et perfectionnistes au travail le seront aussi à la maison. En plaçant la barre très haut dans leur vie privée aussi, elles s’infligent une pression supplémentaire’.
Tempo-Team s’efforce de reconnaître les profils à risque et propose à ces personnes des formations ciblées pour leur apprendre à gérer le stress.

L’arme RH
Tempo-Team a a créé une task force chargée du suivi et du développement de la politique anti-burnout. Cette task force est composée de membres du service de prévention et de la cellule Ressources humaines.

‘Ce n’est qu’une question de logique’, déclare Glenn Nuytemans, ‘les personnes actives dans le monde de la prévention des risques professionnels connaissent mieux la sécurité au sens strict et ne sont guère familiarisées avec la nouvelle réglementation relative aux risques psychosociaux. Les membres du service RH sont plus au courant. Ils s’y connaissent en matière de mobilité interne, de congés thématiques, de travail à temps partiel,… Ils peuvent affecter les travailleurs présentant les signes d’un burnout (imminent) à un autre poste ou adapter le contenu de la fonction. Ces connaissances les rendent indispensables au sein de notre task force. Il est d’ailleurs incompréhensible que la législation belge sur le bien-être au travail se concentre uniquement sur les services de prévention, sans tenir compte des services RH.’
Outre le personnel interne, la task force de Tempo-Team compte aussi quelques experts du stress et du burnout externes.

La prévention en point de mire
‘Notre politique est une véritable politique de prévention’, selon Nuytemans. ‘Nous voulons tout faire pour prévenir les burnouts. Réintégrer des travailleurs après une longue absence pour cause de burnout, ce n’est vraiment pas simple. Les victimes de burnout changent. Leur confiance en eux est ébranlée. Ils continuent à douter de leur résistance au stress.’
Malheureusement, on ne peut pas prévenir tous les burnouts. Il arrive de temps à autre qu’un travailleur plonge. C’est pourquoi Tempo-Team travaille à une politique de réintégration.

Réintégration
Le conseiller en prévention Glenn Nuytemans explique: ‘La réintégration des victimes de burnout se fait sur mesure. Il n’y a pas de solution universelle, toute prête. Chacun réagit différemment à un burnout: certaines personnes veulent par exemple rester malgré tout au courant de ce qui se passe au bureau alors que d’autres préfèrent se déconnecter pendant quelques mois. Nous avons besoin de l’éclairage de la victime pour commencer à élaborer un parcours de réintégration. Quand quelqu’un est en incapacité de travail à cause d’un burnout, nous demandons à un membre de notre service externe de le contacter après un mois. C’est un choix: nous préférons que ce premier contact soit le fait d’une personne externe pour ne pas mettre la victime de burnout sous pression. Si elle ne se sent pas prête à reprendre le travail, elle doit se sentir libre de l’exprimer. Par contre, si la personne se sent prête à reprendre le travail, nous examinons les possibilités avec elle: l’attribution d’une autre fonction peut-elle lui être bénéfique? Préfère-t-elle plusieurs autres fonctions? Le travail à temps partiel peut-il offrir une solution?...

Dernières initiatives
Par le biais de ses initiatives, Tempo-Team veut assurer le bien-être (psychosocial) de ses travailleurs et sensibiliser tout un chacun aux signes précurseurs d’un burnout.
La dernière initiative en date est le magazine ‘Vitaal’ entièrement dédié au bien-être  psychosocial. En couverture, le témoignage d’un travailleur ayant subi un arrêt de travail prolongé à la suite d’un burnout. Tous les moyens dont disposent les travailleurs pour s’en protéger y sont également expliqués.
2017 verra en outre l’extension du workshop ‘energy@work’, déjà suivi par les cadres, à tous les travailleurs.

: PreventFocus 01/2017