Prévention des blessures au football

Le football reste de loin le sport le plus populaire dans notre pays, comme en atteste le grand nombre de pratiquants. Mais le football, c’est aussi un sport de contacts qui amène inévitablement son lot de blessures. Quelles sont les parties du corps les plus exposées, quelles sont les blessures les plus récurrentes et comment les éviter?
En Belgique
La saison passée, le fonds de solidarité fédéral de l'Union belge de football a recensé 671 déclarations (soit un peu plus que la moyenne, évaluée à 600) de blessures de joueurs professionnels – pour l'essentiel des joueurs évoluant en première et deuxième divisions nationales. Cependant, toutes catégories d’âge et toutes divisions confondues, pas moins de 33.000 cas sont enregistrés chaque année, soit entre 150 et 200 blessures par jour. Dans le lot, c’est le niveau provincial qui paye le plus lourd tribut.
Si l’on analyse les données fournies par le fonds de solidarité, on constate que le genou reste la partie du corps la plus souvent touchée (30%), suivie par la cheville (16%) et la cuisse (15%). Les autres blessures concernent principalement le mollet (8%), le dos (6%), le pied (4%), le ménisque (4%), l’épaule, le bassin, le crâne, les poignets, les dents, les avant-bras, les mains, le nez, le cou, le cerveau et d’autres parties du corps (de 1 à 2% pour ces dernières catégories).

Aux Pays-Bas
À la demande de la fédération néerlandaise de football, l’institut de recherche TNO (1) a étudié les blessures recensées dans l’ensemble des équipes de la division d’honneur et de la première division (l’équivalent de la première et deuxième divisions en Belgique). Il ressort du rapport de l’institut que plus de la moitié des 1.039 joueurs suivis en 2007 ont été victimes d’une blessure. La plupart des blessures concernaient les extrémités inférieures. Les parties du corps les plus fréquemment touchées étaient: le genou (20%), la cheville (17%), le tendon (12%) et l’avant de la cuisse (11%) (voir encadré 1).
Les chiffres montrent que la durée moyenne d’absence en cas de blessure est de 34 jours et qu’un joueur se blesse en moyenne 1,8 fois par an. En d’autres termes, les joueurs professionnels passent en moyenne 61 jours sur la touche. Compte tenu des salaires pratiqués aux Pays-Bas, les clubs dépensent environ 14 millions d’euros chaque année pour couvrir l’absence de leurs joueurs.

Origines des blessures
Le rapport rédigé par TNO montre également que la plupart des blessures (près de 40%) sont dues à un contact avec un autre joueur. Les autres principales causes mentionnées sont l’état du terrain, les conditions météorologiques et les pelouses synthétiques (15%), les entorses et les faux-mouvements (14,6%) et la battue/retombée sur le sol lors d’un saut. Dans 11,5% des cas, l’origine de la blessure n’a pu être déterminée avec précision. Les défenseurs sont plus exposés que les milieux de terrain ou les attaquants tandis que le poste de gardien de but reste le plus épargné par les blessures.
Par ailleurs, il est intéressant de constater que la taille, le poids et l’IMC (l’indice de masse corporelle) n'exercent aucune influence. De la même manière, l'âge ne semble jouer qu'un rôle minime puisque, en moyenne, les joueurs blessés n'ont que huit mois de plus que les joueurs épargnés. En revanche, l’état de fatigue est incontestablement un facteur de risque. Il est en effet plus probable qu’un joueur se blesse en fin de saison qu’en début du championnat. Dans le même ordre d’idée, lors d’une rencontre, le risque de blessure augmente à mesure que la fin du match approche.

Prévention
En Belgique comme aux Pays-Bas, la prévention reste largement insuffisante. Le rapport de l’institut de recherche indique en effet que 57% des clubs néerlandais n’ont adopté aucune mesure de prévention et que 23% des joueurs blessés ne bénéficient d’aucune forme de conseil préventif lorsqu’ils sont victimes d’une blessure.
Pourtant, 70 à 75% des blessures ne sont rien d’autre que la résurgence d’une ancienne lésion. Un entraînement spécifiquement conçu en fonction d’une ancienne blessure permet bien souvent d’éviter une éventuelle rechute.
Les footballeurs doivent également passer un examen médical afin de détecter une éventuelle asymétrie corporelle ou un déséquilibre (exemple: quadriceps/tendon ou abdomen/dos). De nombreux problème affectant la région de l’aine s’expliquent notamment par un déséquilibre entre les muscles abdominaux et dorsaux. Le monde du football n’échappe donc pas à l’adage "mesurer, c’est savoir".
Enfin, la FIFA a, elle aussi, un rôle à jouer en limitant au maximum les contacts dangereux dans les règlements qu’elle promulgue. Dans la pratique, c’est déjà largement le cas puisque les coups de coude et les tacles par derrière sont sanctionnés par un carton rouge.
Toutes les règles au monde ne changeront cependant pas le fait que le football est un sport de contacts et que les blessures, contrairement aux joueurs, ne peuvent être exclues…

Encadré 1 : Parties du corps les plus touchées
1. genou 20%
2. cheville 17%
3. tendons 12%
4. cuisse 11%
5. aine 9%
6. pied 6%
7. bassin/hanche 5%
8. bas du dos 4%
9. bas de la jambe 4%
10. tendon d’Achille 3%
11. mollet 3%
12. tronc 2%
13. crâne 1%
14. orteils 1%
15. visage 1%
16. épaule 1%
Source: Rapport TNO, Les blessures dans le football professionnel en 2007 (mai 2008).


Encadré 2 : Blessures les plus récurrentes
1. déchirure/claquage/crampe 26%
2. entorse/blessure aux ligaments 24%
3. hématome/contusion/bleu 16%
4. autres 12%
5. surmenage musculaire 10%
6. blessure au ménisque ou au cartilage 6%
7. déchirure ou inflammation du tendon 6%
8. fracture 4%
9. luxation 2%
10. autres troubles squelettiques 2%
Source: Rapport TNO, Les blessures dans le football professionnel en 2007 (mai 2008).


(1) www.tno.nl

Basé sur un texte de S. Van Herpe de Sport/Voetbalmagazine
: PreventActua 10/2009