Horaires de travail prolongés et inhabituels

Une nouvelle analyse des horaires de travail prolongés et inhabituels au sein de 21.000 entreprises et organisations à travers l’Europe confirme que, même si le travail de nuit, le travail de week-end, le travail à horaire variable et le travail posté en particulier peuvent avoir une justification commerciale, ils doivent être mis en perspective face aux effets indésirables pour la santé, à la faible motivation des travailleurs et à la rotation élevée du personnel.

Selon l’enquête Establishment Survey on Working Time (EWST) d’Eurofound, Chypre, la France, l’Irlande et le Royaume-Uni comptent davantage d’entreprises et d’organisations travaillant le samedi que les autres pays en Europe. Le travail dominical régulier est plus courant en Finlande, en Lettonie, en Suède et au Royaume-Uni. Le Royaume-Uni figure également, avec la République tchèque et la Suède, parmi les pays où le travail de nuit régulier est le plus courant. Le travail régulier à horaires variables est plus commun dans les entreprises et organisations en Finlande, Pologne et Suède.
Les horaires de travail prolongés et inhabituels sont très répandus dans des secteurs comme l’horeca, les soins de santé/le travail social et les services aux personnes : le pourcentage de travail du samedi et du dimanche est plus élevé dans ces secteurs. Le travail de nuit régulier est plus répandu dans les entreprises de services publics, les soins de santé/le travail social et l’horeca, et l’incidence du travail régulier à horaires variables est le plus courant dans l’horeca, suivi par les secteurs des soins de santé et des transports. Enfin, le rapport a également constaté que la taille de l’entreprise ou de l’établissement est un facteur important. Globalement, plus l’entreprise ou de l’établissement est petit, moins les horaires non conventionnels sont courants.

 

Absentéisme et problèmes liés à la rétention du personnel
L’EWST est une enquête portant sur les établissements, non sur les employés. C’est pourquoi elle ne fournit pas des données sur les préférences et les considérations des travailleurs, mais bien sur celles des dirigeants et des représentants des employés. Afin d’analyser les conséquences des horaires de travail non conventionnels, cette enquête a étudié les résultats des horaires de travail inhabituelles en termes de taux de maladies, de problèmes de motivation et de difficultés à retenir le personnel. Les dirigeants d’entreprises et d’organisations qui ont recours au travail de nuit et à horaires variables se sont montrés 1,6 fois plus enclins à faire part de difficultés relatives à la maladie et l’absentéisme que les dirigeants d’entreprises et d’organisations qui ne pratiquent pas de tels horaires. De la même manière, les dirigeants d’établissements travaillant la nuit et le samedi se sont révélés 1,5 fois plus enclins à déclarer des problèmes de motivation du personnel que les dirigeants d’établissements ayant des horaires de travail conventionnels. Les difficultés à retenir le personnel ont été perçues en particulier dans des entreprises et organisations travaillant le week-end: 1,7 fois plus élevées que dans des entreprises et des organisations ne travaillant pas le week-end.

 

L’indemnité pécuniaire nest pas suffisante, la retraite anticipée non plus
Les résultats de l’ESWT montrent que la retraite anticipée reste très courante au sein des entreprises et organisations qui pratiquent des horaires inhabituels et variables. Le rapport met néanmoins en évidence la diminution des nombres de retraites anticipées dans les entreprises et organisations qui exercent leurs activités avec des horaires inhabituels et variables en France et en Allemagne, ce qui pourrait être interprété comme les premiers signes d’un renversement de tendance. Les conclusions indiquent également que la méthode traditionnelle consistant à atténuer la pénibilité du travail de nuit ou posté par un supplément de rémunération est encore pratiquée dans nombre d’entreprises et d’organisations. Toutefois, compte tenu du vieillissement de la population active, une rémunération compensatoire seule ne suffira peut-être pas à l’avenir. Il en va de même pour le seul avantage non salarial largement répandu pour le travail de nuit et posté, c’est-à-dire la retraite anticipée. En tout cas, la question des autres avantages potentiels liés au temps de travail peut prendre de l’importance à l’avenir, car la retraite anticipée fait l’objet de débat dans l’arène publique.


Source: Fondation européenne pour l'amélioration des conditions de vie et de travail