Brussels Airport Company et son certificat ISO 45001

La série de normes ISO 45000 a été publiée en mars 2018, et succède à la série OHSAS 18000. Entre-temps, Brussels Airport Company (BAC) a déjà obtenu un certificat ISO 45001. Compte-rendu.

Antécédents
BAC avait déjà plusieurs systèmes de management: 9001, 14001, 50001 et depuis 2012 OHSAS 18001. La nouvelle certification pour l’OHSAS était imminente, mais BAC savait aussi que la série 45000 serait bientôt publiée. Elle avait donc le choix: soit renouveler la norme OHSAS pour trois ans, soit passer à la nouvelle norme ISO. La série 45000 ne fut pas un choix facile, car les projets montraient de nombreux changements, y compris de culture d’entreprise. Rester fidèle au référentiel OHSAS demanderait moins de travail.
 
Transition
Le choix d’une transition progressive
Finalement, BAC a décidé de préparer son passage à l’ISO en se disant que ce serait un progrès pour l'aéroport. Elle s’est donné environ un an pour la transition. Le temps jugé nécessaire pour se familiariser avec la norme et pour effectuer l’analyse des écarts, mais aussi le délai que l’organisation voulait s’octroyer pour une transition en douceur. Une telle transition requiert des changements administratifs, une remise en perspective des processus, une révision des formations, ... ce qui ne se fait pas en un jour.
Mais une autre raison, plus importante encore, explique le choix d’une transition progressive. L’entreprise a déjà eu dans le passé ses propres systèmes de management et le passage à OHSAS avait été brusque. Résultat: avant l’audit, il y a eu beaucoup d’activités, de procédures et d’instructions en matière de sécurité, mais dès que l’audit fut terminé, l’attention s’est relâchée.

L’ISO 45000 mise aussi beaucoup plus sur le ‘leadership’ et relègue les procédures au second plan. Il s’agit de mieux coordonner les différentes manières de travailler, ce qui relève de la culture de l’organisation. Si l’on accepte que cet effort soit seulement fourni une fois toutes les x années, les ressources de l’organisation ne sont pas valorisées comme elles le devraient. C’est pourquoi BAC ne voulait plus d’une transition brutale et a opté pour une transition progressive présentant peut-être une légère baisse de la courbe de l’attention, mais où la vigilance en matière de sécurité au travail ne se relâche jamais.
 
Analyse
L’analyse des écarts a été effectuée par un tiers. Chez BAC, les audits internes ont toujours été confiés à un tiers. Il s’agit d’un choix délibéré. Quelqu’un d’externe cartographie les activités, les confronte à la norme, compile les résultats dans un rapport et présente ce dernier. 
 
Préparations
Grâce à l’analyse des écarts, le comité de pilotage savait parfaitement ce qui lui restait à faire. Des réunions hebdomadaires permettaient de suivre l’avancement des actions mises en œuvre. Le suivi partait d'une vision d'ensemble, pour ensuite s’intéresser davantage aux détails. BAC a toujours eu un plan B: en cas d’échec de la certification ISO, il fallait toujours pouvoir se raccrocher à une nouvelle certification OHSAS.
BAC a donc délibérément attendu longtemps avant d’entrer en action; le groupe de travail devait d’abord être certain que tout était prêt. Ce qui eut lieu peu de temps avant l’audit. Dès que la norme a été publiée, la transition a été annoncée à l’organisation, avec la remarque qu’il ne faudrait pas changer grand-chose et que les préparations avaient déjà débuté. Plusieurs éléments concordaient: depuis des années, HR travaillait sur le ‘leadership’ et l’‘ownership’ et le Comité PPT œuvrait pour inciter la ligne hiérarchique à prendre ses responsabilités en matière de sécurité. ISO 45001 était donc un cadeau du ciel pour l’entreprise, car il pouvait offrir des garanties.
 
Walk the talk
Le service de prévention de BAC a toujours fait un travail de missionnaire: très présent sur le lieu de travail, il effectue de nombreuses visites, indique les améliorations possibles, participe aux réunions de début du travail, ... Avec un service de prévention présent et qui "prêche la bonne parole", l’on constate que les travailleurs et la ligne hiérarchique s’engagent. C’est peut-être un peu plus long, mais c’est bien plus efficace que lorsque la hiérarchie impose d’obtenir un certificat, d’organiser des réunions toolbox et de rédiger des rapports. Ces règles du jeu imposées ont toujours un arrière-goût amer.
 
Audit
Pour l’audit proprement dit, le cabinet d'audit a envoyé deux auditeurs qui ont passé trois jours et demi à l’aéroport. Le comité de pilotage devait les présenter à chacun, et jouait donc un rôle de facilitateur.
Un ordre du jour a été soumis aux auditeurs, précédé d’un mot d’explication de la direction. Ensuite, de nombreuses réunions entre parties prenantes et auditeurs ont eu lieu partout dans l’aéroport. La consigne était claire: “Say what you do and do what you say.” Ne racontez pas d’histoires aux auditeurs, ils sont formés pour les détecter.
BAC a une culture d’audit et les collaborateurs adhèrent pleinement à cette mission. Ils savent qu’ils doivent raconter des faits, et que ces faits doivent être étayés. Le rôle de l’auditeur est de vérifier la conformité à la norme. Il ne peut pas y voir de surprises, car une organisation sait déjà au stade préparatoire si elle respecte la norme. Si la norme stipule par exemple qu’un enregistrement doit pouvoir être prouvé, il faut effectivement un enregistrement. Les auditeurs cherchent à identifier les points faibles de l’organisation.
 
Contrôle du système de management après son implémentation
ISO propose plusieurs paramètres permettant de contrôler si le système de management est respecté en permanence. Citons par exemple l’enregistrement de la nouvelle législation. Il doit être transparent pour contrôler si les différents départements ont pris des mesures suite à la révision de la législation. Dans chacun de ces avis, le service de prévention de BAC renvoie à la législation; les différents départements sont donc obligés d’en prendre connaissance.
 
Le rôle du service de prévention après l'implémentation d’ISO 45001
Le service de prévention de BAC continue à surveiller la sécurité dans l’aéroport de façon globale. Dans le passé, ils avaient commis l’erreur de trop se focaliser sur un seul aspect, comme l’amiante. Ce problème faisait alors l’objet d’une étude approfondie et d’un plan d’action à l’échelle de l’organisation, mais en perdant la vue d’ensemble. Vu l’approche orientée processus d’ISO 45001, inutile d’avoir un grand service de prévention. Le service interne s’occupe du suivi général et, pour le travail de précision, fait appel à des experts internes ou externes.
 
L’étape suivante
Les managers de BAC qui utilisent différents systèmes de management ISO, les coordonnent de plus en plus. L’étape suivante – déjà atteinte par certaines entreprises, mais BAC reste réticente – consiste à refermer les mailles du réseau et à présenter un même profil; un seul audit pour auditer tous les systèmes en une fois. Dès que l’intégration des différents systèmes sera réalisée, et l’opération est en cours, BAC pourra franchir cette étape. BAC est aussi très à l’écoute de l’avis des auditeurs.
 
Brussels Airport Company
Tout le monde connaît les parkings, l’entrée et le terminal, mais l’aéroport ne se résume évidemment pas à cela. L’aéroport est à cheval sur trois communes et fait vivre 20 000 travailleurs, et même 60 000 indirectement.
BAC sa est la société propriétaire et gestionnaire de l’aéroport. BAC emploie quelque 900 personnes, et l’effectif augmente encore. BAC gère de nombreux bâtiments: terminaux, locaux techniques et installations spécifiques (par ex. pour le traitement des bagages). Sans oublier les ‘runways’, l’éclairage et la signalisation. 250 entreprises gravitent autour d’elle, comme les boutiques, mais aussi l’entretien, la maintenance, la surveillance et le screening.
Via le Plan 2040 (ndlr: cherchez ‘strategic vision 2040’ sur internet), l’aéroport se prépare à relever les nouveaux défis en investissant - entre autres - dans de nouveaux bâtiments et de nouvelles technologies.
 
Service de prévention BAC
Le SIPPT de BAC compte quatre conseillers en prévention qui consacrent tout leur temps aux tâches habituelles d’un SIPPT (fonctionnement du comité, mises en service, suivi de la surveillance de la santé, visites, ...). Pour certaines thématiques, BAC engage des experts; citons par exemple cette entreprise qui mesure le niveau sonore 24/7. Il en va de même pour le climat. La gestion de l’amiante et de la légionnelle est également confiée à des entreprises externes. Leurs informations sont intégrées au SDGR. Par ailleurs, pour tout ce qui a trait au feu, BAC compte sur l’expertise de son propre service d’incendie présent sur place.
 
Ce texte est basé sur l’interview de Marc Hoppenbrouwers et de Stijn Van der Jeugd du 20 septembre 2018.
: preventFocus 10/2018