Bien-être au travail: stratégie nationale belge 2016-2020
Cadre stratégique UE 2014-2020
La Commission européenne invite les Etats membres à élaborer des stratégies nationales qui s’inscrivent dans le cadre stratégique en matière de santé et de sécurité au travail (Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions relative à un cadre stratégique de l’Union européenne en matière de santé et de sécurité au travail 2014-2020).
L’accent est mis sur trois défis en particulier:
- santé et sécurité au travail dans les microentreprises et petites entreprises
C’est surtout dans ces (très) petites entreprises que la gestion efficace de la santé et de la sécurité des travailleurs reste un défi. En effet, les entreprises de plus petite taille ont moins tendance à respecter les législations (nationales et européennes) et sont beaucoup plus difficiles à atteindre que les entreprises de plus grande taille.
- incapacité de travail liée à de mauvaises conditions de travail
Le nombre de personnes en incapacité de travail, entre autres en raison de maladies causées ou aggravées par de mauvaises conditions de travail est en augmentation. Ces problèmes de santé font peser une lourde charge sur les travailleurs, sur les entreprises et sur les systèmes de sécurité sociale.
- vieillissement de la population active
Des conditions de travail appropriées doivent être mises en place pour permettre l’allongement de la vie professionnelle et un vieillissement actif et en bonne santé. Le bien-être des travailleurs doit être assuré tout au long de leur vie professionnelle. Il est essentiel donc de promouvoir une culture de prévention.
Stratégie nationale belge
La stratégie nationale belge en matière de bien-être au travail établit un certain nombre d’objectifs stratégiques et opérationnels pour les quatre à cinq ans à venir et détermine les actions à entreprendre pour atteindre ces objectifs. Les 4 objectifs stratégiques sont la promotion de la sécurité et santé au travail, le travail durable, le renforcement de la prévention et le renforcement de la culture de prévention.
Sécurité et santé au travail
Le premier objectif stratégique vise la promotion du travail sain et sûr. Il faut tout mettre en œuvre afin de parvenir à réduire le nombre d’accidents du travail et de maladies professionnelles en intervenant à la source et en agissant sur leurs causes (prévention primaire). Ceci nécessite notamment la mise sur pied d’actions concertées et encadrées au niveau sectoriel, le suivi des employeurs récidivistes, le tout mené grâce à une collaboration étroite entre le SPF Emploi, FAT et FMP et en concertation avec les partenaires sociaux.
Les risques nouveaux et émergents (exposition aux nanoparticules, aux agents reprotoxiques,…) et les nouvelles formes d’organisation du travail (travail intérimaire, sous-traitance,…) méritent toute l’attention nécessaire car ils peuvent être la cause de nouvelles maladies professionnelles et/ou sont susceptibles d’entraîner un risque accru d’accidents du travail.
Il faut aussi lutter contre deux phénomènes en augmentation constante et facteurs importants d’absence et d’incapacité de longue durée: les risques psychosociaux (qui alliés à une forte pression du travail, peuvent conduire au burn-out et à des troubles psychiques comme la dépression) et les mauvaises conditions ergonomiques (qui peuvent entraîner des troubles musculo-squelettiques).
Travail durable
Un deuxième objectif stratégique vise à renforcer la participation au marché du travail.
Le travail durable signifie que les travailleurs doivent pouvoir disposer constamment, tout au long de leur carrière professionnelle, d’opportunités et de conditions qui soient effectivement réalisables, et qui leur permettent de (continuer à) fonctionner tout en préservant leur santé et leur bien-être. Cela implique non seulement un environnement de travail propice à l’utilisation effective de ces possibilités, mais également une attitude et une motivation pour réellement saisir ces opportunités.
En outre, le travail durable des travailleurs doit être envisagé dans tous ses aspects, et à cet égard, la participation au marché du travail est importante. Cette stratégie nationale met plus particulièrement l’accent sur l’intégration de certaines catégories de travailleurs: les jeunes (amélioration de la compréhension des risques liés au travail et acquisition des attitudes correctes pour y faire face), les plus âgés (maintien dans l’emploi) et ceux qui sont en incapacité de travail (réintégration).
Prévention accrue
Le troisième axe vise le renforcement de la prévention. Cet axe se focalise sur tous les acteurs qui, d’une façon ou d’une autre, contribuent à l’élaboration et la mise en œuvre de la politique de prévention dans les entreprises.
Il faut procurer l’expertise nécessaire en matière de prévention aux employeurs, surtout dans les PME. Dans les grandes entreprises, il faut veiller à ce que les membres de la ligne hiérarchique participent à la politique de prévention. Une contribution constructive à la politique du bien-être est attendue de la part des travailleurs eux-mêmes (application continue des instructions reçues, signalement de problèmes survenant sur le lieu de travail). A cet égard, la concertation sociale peut aussi être l’instigateur d’une plus grande prise de conscience de l’importance de la prévention et de l’application effective des principes de prévention par toutes les parties concernées. Enfin, le rôle des services interne et externe pour la prévention et la protection au travail consiste à donner des avis d’experts sur l’ensemble de la politique de prévention menée dans l’entreprise et, de cette façon, à apporter leur soutien à tous les acteurs.
Les autorités publiques ont également un rôle important à jouer dans l’application de mesures en vue de promouvoir le bien-être des travailleurs (élaboration d’une législation claire et facilement applicable, contrôle du respect de la réglementation, mise à disposition de données épidémiologiques sur les risques,…). Enfin, l’administration publique se doit aussi de donner l’exemple en appliquant mieux et plus efficacement la réglementation sur le bien-être au travail à son propre personnel et en intégrant le respect de la législation en matière de bien-être au travail dans ses procédures de marchés publics.
Culture de prévention
Le quatrième objectif stratégique consiste à renforcer la culture de prévention. Cet objectif soutient l’ensemble de la stratégie nationale et lui insuffle le dynamisme nécessaire. Le développement d’une véritable culture de prévention (campagnes de sensibilisation, développement d’outils, exemples pratiques, fonction d’exemple tant de la part de l’employeur que des travailleurs,…) exige en effet un changement de comportement qui implique que la prévention soit intégrée dans tous les aspects de l’activité humaine au sein de l’entreprise.
Il faudrait d’ailleurs que la sécurité soit enseignée en même temps que la profession et que le thème de la sécurité et la santé des travailleurs soit abordé dans toutes les formations qui préparent à une fonction hiérarchique.
Planning et suivi
Cette stratégie nationale a été élaborée après une concertation approfondie au sein du Conseil national du travail et du Conseil supérieur pour la prévention et la protection au travail. Le planning des actions, ainsi que leur suivi, se fera en étroite concertation avec le Conseil supérieur PPT. En effet, il faudra déterminer, pour chaque action concrète, son caractère prioritaire ou non, les responsabilités, les démarches à entreprendre, les indicateurs à utiliser pour déterminer si l’objectif fixé a été atteint,…
Source: www.emploi.belgique.be